la philosophie hellénistique pdf

Timon, familier et successeur du sceptique Pyrrhon, présente Epicure comme le « plus récent des physiciens ». Pour répondre à ce besoin, Epicure produisit son petit ouvrage, le « Canon ». Les définitions officielles du temps greffent sa réalité sur celle du mouvement : il est « l’intervalle » (, La composition du temps soulève cependant des problèmes et des paradoxes spécifiques, parfaitement repérés déjà par Aristote. Et ce qu’on lui demande, au départ, c’est (comme dans bien d’autres philosophies) de se rendre ouvert à ce que parler veut dire. Mais, plutôt de dire que le plaisir suprême n’est que l’absence de douleur, il serait plus juste de dire que l’absence de douleur est le plaisir suprême : si elle n’est pas assimilable à un état neutre ou inconscient, c’est précisément parce que, chez un être par hypothèse conscient, et considéré dans les moments où il est conscient, elle s’identifie à une jouissance positive, celle du pur sentiment d’exister et d’exercer pleinement toutes les facultés naturelles du corps et de l’âme. Cette conception les opposera notamment à la tradition péripatéticienne, dans laquelle la logique n’est pas considérée comme une partie de la philosophie, ni comme une science, mais comme un instrument, ou un outil de la science et de la philosophie[10]. Il n’y a rien dans le monde qui reste exactement ce qu’il est, dès qu’il se passe quelque chose dans le monde – et il se passe toujours quelque chose dans le monde. Elle ne s’était pas encore imposée au moment où Epicure et les Stoïciens firent leur entrée en scène. L'Académie, le retour du pyrrhonisme. . En tant que substance, un homme n’est rien d’autre qu’une masse de matière dont on ne prend nulle détermination en considération ; cette masse est toujours en flux et en mouvement, elle n’a aucune identité persistante à travers le temps ; l’Argument Croissant s’applique à elle de plein fouet : on ne peut dire ni qu’elle augmente, ni qu’elle diminue, ni qu’elle reste ce qu’elle est, car elle n’a pas la constance qui lui permettrait d’être le sujet du verbe « s’accroître » ou du verbe « décroître ». L’existence du lieu ou de la place (topos/τόπος) doit être admise pour une raison simple : un corps ne peut être identifié avec la place qu’il occupe, puisqu’il peut changer de place sans changer lui-même. ￿hal-01267431￿ archives-ouvertes . C’est ce qui fait de lui, pour finir, une image passable de l’agent moral. L’épicurien ne rejette nullement une telle idée ; il explique notamment que « sans une compréhension pleine et entière de la nature des choses, il serait impossible de défendre les jugements fondés sur le critère des sens », et que « c’est à partir de la physique que nous est transmis, par la règle de la connaissance et par le jugement fondé sur cette même règle, un moyen de discerner le vrai du faux ». Les Stoïciens étaient d’autant plus tenus de répondre au défi de l’Argument Croissant que leur physique, comme on vient de l’observer, est à beaucoup d’égards d’inspiration « héraclitéenne » : ils professent que tous les corps particuliers sont en perpétuel changement, et qu’ils échangent constamment des particules de matière avec leur milieu environnant. Celui-ci le serait si la canonique et la physique se présupposaient l’une l’autre dans le même sens ; et l’on peut plaider que ce n’est pas le cas. Cette proposition fondamentale, tenue pour la « notion première » sous-jacente au mot « dieu », sert de critère pour déterminer les propriétés qui conviennent ou ne conviennent pas à un dieu . Lucrèce ferme son poème sur une description terrible de la peste d’Athènes, mais il l’ouvre sur un célèbre hymne à Vénus, force génératrice qui gouverne la nature entière. On n’a pas besoin de savoir comment elle s’est formée dans l’esprit pour savoir qu’elle s’y est formée de façon naturelle, sans addition ni soustraction, sans intervention de l’artifice ni de la raison. Il y a ainsi, dans ce qu’on peut appeler le « corporalisme » stoïcien, deux niveaux dont l’un peut satisfaire le sens commun et son « matérialisme » immédiat (c’est le niveau des corps de l’expérience ordinaire, capables d’agir, de pâtir), tandis que l’autre peut satisfaire les esprits raffinés et instruits (c’est le niveau des principes théoriques, capables d’agir, . Fri- bourg (Suisse), Éditions universitaires; Paris, Éditions du Cerf, 1993. Cette tripartition, on l’a vu, n’était pas entièrement nouvelle à l’époque de Zénon, mais c’est avec le stoïcisme qu’elle s’est imposée le plus puissamment. Publié le 07/05/2015 par saxologue Auteur : Carlos Lévy. Sans doute, n’en sommes-nous pas les causes complètes : pas plus qu’autre chose, nos décisions ne naissent de rien ; elles sont déclenchées par des impressions venues de l’extérieur, et qui ont pour particularité, par rapport aux impressions sensibles de type ordinaire, de nous présenter les choses non comme blanches ou noires, froides ou chaudes, mais comme « à prendre » ou « à rejeter » ; de là vient qu’elles suscitent non pas seulement des croyances (ceci est « bon à prendre »), mais aussi des actions (je le prends). Si quelque chose pouvait s’annihiler, la disparition des choses serait également instantanée, imprévisible, totalement indéterminée et indéterminable. Peut-être, par suite, le clinamen doit-il être invoqué aussi pour rendre compte de la capacité de notre caractère à évoluer et à se transformer, non pas seulement sous l’effet désordonné des contacts et des circonstances de l’expérience courante, mais aussi sous l’effet d’une intervention intentionnelle et méthodique d’une âme sur une autre âme, par enseignement, conseils, admonestations, vie en commun dans l’amitié et le partage de la recherche du bonheur. Est-ce le plaisir en tant que tel, que l’être vivant recherche dès sa naissance ? Une physique qui tient sa nouveauté de son archaïsme. A son niveau l’immutabilité de l’être parménidien est entièrement préservée. Revue des femmes philosophes. La « valeur de critère » émerge de l’expérience sensorielle capturée par le langage, et dite sous la forme d’un jugement. Dans le premier cas, la substance demeure, elle est le sujet subsistant, identique à lui-même auquel il faut appliquer le verbe « changer » : la qualité est sous le rapport de quoi elle change, ce qu’elle peut acquérir ou perdre sans cesser d’être ce qu’elle est. Citons par exemple Diogène d’Oenoanda qui a fait graver ceci sur sa grande pierre: « Si quelqu’un a recours à la théorie de Démocrite, en affirmant que lea atomes n’ont aucun mouvement libre, à cause de leurs chocs réciproques, de sorte que toutes choses paraissent en mouvement de façon nécessaire nous lui dirons : ‘Ne sais-tu pas, qui que tu sois, qu’il y a aussi un mouvement libre dans les atomes, mouvement que Démocrite n’a pas découvert, mais qu’Epicure a tiré à la lumière, un mouvement de déviation, comme il le démontre à partir des phénomènes ?’Voici le grand point : si l’on croit au destin, s’en est fait de toute réprimande et de tout blâme ». Cela ne veut pas dire que le bonheur épicurien fasse fi de tous les plaisirs « cinétiques ». Cette seconde règle précisée en ouverture de la Lettre à Hérodote (§ 38) montre que les différents critères de vérité peuvent et doivent jouer un rôle de synergie dans les recherches : « Ensuite, il faut observer toutes choses en les rapportant aux sensations, et de façon générale aux applications immédiates, soit de la pensée, soit de n’importe quel de nos critères, et de même aussi aux affections présentes en nous, afin que nous ayons de quoi résoudre par des inférences sémiotiques (sèmeiôsometha) les questions sur ce qui est encore attendu et sur ce qui est non manifeste ». Dans l’entre-deux, une partie totalement neutre qui regroupe les choses qui sont indifférentes à la fois moralement et naturellement, comme d’avoir un nombre pair ou impair de cheveux. En outre, et bien évidemment, leur morale, comme toute morale, n’admet pas que l’on se libère aussi cavalièrement de ses dettes. Pour soutenir la candidature de la sensation, Epicure tenta de recourir à des arguments de type transcendantal : « Si tu combats toutes les sensations, tu n’auras pas à quoi te référer pour juger même celles d’entre elles que tu dis fausses » (Doctrines maîtresses, 23). Elle ne l’est, cependant, qu’au niveau de la somme de toutes choses : au sein de cette somme elle-même, ni le mouvement, ni le changement, ni la multiplicité ne sont exclus par les principes fondamentaux. Ainsi, sous réserve que l’on admette de considérer ce chapitre comme une véritable « canonique », la cohérence se trouve de facto établie. 1995 Etudes sur les philosophies hellénistiques (1995) , Jacques Brunschwig (1929-2010), Paris : Presses universitaires de France , 1995 The therapy of desire (1995) , Martha Craven Nussbaum, Princeton, N.J. : Princeton univerity press . Pour tous ceux qui ne sont pas sages – c’est-à-dire le, commun des mortels – le tableau de cette perfection risque d’être décourageant, et tout autant, celui symétrique de leur propre imperfection. . Mais d’un autre côté, non seulement la science de la nature permet de combattre les peurs qui rendent malheureux, la peur des dieux et de ce que l’on tient pour leurs manifestations célestes, mais encore elle inclut une anthropologie, donc une psychologie des désirs et des passions ; par là, elle est capable de nous indiquer précisément quelle est notre fin naturelle et quels sont les moyens naturels que nous avons de la réaliser. : que se passerait-il si un voyageur, parvenu aux limites du monde, tendait le bras ? 09 April 2019 David Sedley genre et sexualit é. Si cette description est commune à Platon et Aristote, puis aux stoïciens (avec : A, —, —, --- -: , Ce changement paradoxal provient du simple fait que la chose, sous cette description, n’est définie que par son rapport à autre chose qu’elle : par suite, si cette autre chose subit un changement qui affecte son rapport à la première, celle-ci cessera d’être ce qu’elle est, sans subir aucun changement intrinsèque : je puis, sans bouger, cesser d’être l’homme qui était à la droite de Pierre, pourvu seulement que Pierre se déplace de façon appropriée. Une conséquence, inévitable sous certaines conditions, et que la plupart des Stoïciens ont acceptée, fût-ce avec des variantes d’un grand intérêt, est la doctrine de l’Eternel Retour : chaque séquence cosmique est la stricte répétition de chaque autre ; en effet, elle actualise les virtualités contenues dans la phase acosmique qui la précède (les « raisons séminales » ou « germinales », logoi spermatikoi), et celles-ci sont les mêmes que dans celle qui la suit. Il en garde aussi, semble-t-il, le projet de laisser autant que possible les choses elles-mêmes, par la voix de l’homme, parler ce langage simple, clair et univoque qu’elles ont primitivement fait naître en lui. Un homme, après tout, a bien plus de consistance ontologique encore qu’un cylindre; et c’est le destin, sous son aspect providentiel, qui lui a donné sa raison et son pouvoir d’assentir, donc sa capacité à jouer, dans le grand concert des causes, sa partie du côté des causes, et non seulement du côté des effets. . Elle ne s’était pas encore imposée au moment où Epicure et les Stoïciens firent leur entrée en scène. Ouvrage : Les philosophies hellénistiques. 5. (Ménon, 80 e, 81 a et b). [20] Les détails de cette théorie sont destinés à rendre compte de la diversité des fonctions qui sont assignées à l’âme, fonctions vitales, sensori-motrices, caractérologiques, intellectuelles et autres. Un calcul élémentaire des plaisirs, par exemple, conduit l’homme raisonnable à renoncer à un plaisir physique qui aurait pour conséquence immédiate une douleur physique au moins égale : la perspective de l’indigestion détourne d’un repas trop copieux. Si j’ai mangé quelque chose depuis hier, je ne suis plus la même personne que j’étais hier (d’où des applications pour le moins curieuses, par exemple : je ne suis plus redevable des dettes que j’ai contractées hier). psychologiques et moraux, Chrysippe, et avec lui les Stoïciens les plus conséquents, adoptent une conception « moniste » de l’âme : son principe directeur, l’hègemonikon/ήγεμονικόν (le « meneur », le « chef » ou le « commandant »), est en lui-même psychologiquement affecté, et moralement compromis, par les passions, celles-ci étant à la fois des erreurs de jugement (des assentiments injustifiés donnés à des impressions fautives sur ce qui est bon et mauvais) et des impulsions excessives (des tendances à agir précipitamment en fonction de ces jugements fautifs). Les Stoïciens disaient même, d’une façon qui nous choque, qu’un père dont l’enfant meurt cesse d’être un père ; peut-être auraient-ils été jusqu’à dire qu’il cesse alors d’être un père, même s’il ne sait rien de la mort de son enfant. Tout ce que fait le sage est bien fait, non seulement il possède toutes les vertus, mais il les exerce toutes dans la moindre de ses actions. Il faut d’ailleurs ajouter que dans un passage qui est, lui, d’une singulière hardiesse, Lucrèce ( V, 526 - 533) hasardera l’idée que toutes les explications pensables d’un même phénomène sont vraies, l’une dans notre monde, les autres dans les autres mondes, sans que nous ayons les moyens de déterminer laquelle est vraie dans le nôtre. Pas davantage ne faut-il prendre en considération ce qui est moralement indifférent quand on veut évaluer le caractère moral d’autrui ou le sien propre[32]. » Mais, en un sens élargi, le poète mélancolique pourrait dire avec plus d’optimisme : « Je suis présentement en train de parler, même si mon discours dure une heure ; avant le début de cette heure, j’allais faire ce discours ; après la fin de cette heure, je l’aurai fait ; dans l’intervalle, il est ce que je fais présentement. Est-il paradoxal pour une doctrine philosophique d’être à la fois sensualiste et rationaliste ? [32] La spécificité du jugement moral rend les Stoïciens très avares de leur respect : aucun respect n’est dû à la richesse, ni à la puissance, ni à la force, ni à l’intelligence, ni à la jeunesse, ni à la santé, ni même à la vie, ni non plus à leurs contraires, chez soi-même ou chez les autres. Histoire de la philosophie. Mais, d’une part, pour atteindre cet état et pour le faire durer, il est nécessaire que l’on éprouve quelques plaisirs cinétiques : on ne jouit de ne pas ressentir la soif que si on l’a étanchée, et si on continue à le faire, aux moments appropriés ; et, d’autre part, sur la base continue du plaisir catastématique, rien n’interdit au sage de broder quelques variations cinétiques inoffensives. L’atomisme épicurien rend compte, avec une grande économie théorique, de la stabilité globale et de l’instabilité locale de la totalité physique. Nouveau parrcours : . Le secours du concept d’impression cognitive et celui de la science. Prenons d’abord un exemple qui concerne la distinction des deux premiers genres. . Ainsi, la Philosophie se re-pose . La solution d’Epicure se joue dans la différence qui sépare l’expérience accumulée dans la prolèpsis et l’expérience nouvelle procurée par la sensation : on sait déjà (au moins sous forme d’image schématique) ce que sont un cheval et un bœuf, quels caractères spécifiques il faut et il suffit d’avoir pour être l’un ou l’autre ; on ne sait pas encore si ce que l’on voit là-bas est un cheval ou un boeuf ; on met un terme à l’enquête en constatant que l’animal en question manifeste sensiblement les caractères impliqués dans l’un ou l’autre des anticipations. Carlos Lévy est professeur à l'Université de Paris-XII (Créteil), où il dirige le Centre de recherches sur la philosophie hellénistique et romaine . Probablement, que la douleur d’avoir perdu l’ami peut être compensée par la douceur des souvenirs que l’on garde de la vie menée en commun avec lui ; tous ceux qui disent qu’ils n’aspirent à aucune immortalité que celle qui consiste à survivre dans la mémoire de ceux qui les aiment sont, à cet égard, des épicuriens. . Télécharger Les philosophes hellénistiques PDF Anthony Arthur Long - Quelques années après la mort dAristote en 322av JC alors quAthènes était déjà depuis deux siècles la rayonnante capitale intellectuelle du monde méditerranéen la philosophie grecque connut un nouvel essor À côté des écoles platoniciennes et aristotéliciennes qui infléchirent souvent profondément la . Période hellénistique : c'est par ce nom que les historiens ont désigné cette période de trois siècles qui sépare la fin du règne d'Alexandre le Grand (-323) - date qui correspond à un an près à celle du . Les choses conformes à la nature, en raison de leur valeur de sélection, qui coexiste avec leur degré zéro de valeur morale, peuvent être appelées « préférables » (proègmena) ; il est objectivement légitime de les préférer à leur privation, à condition d’être prêt à reconnaître dans les circonstances qui nous en priveraient le jeu naturel des causes et la raison providentielle du destin. How can the stoics reconcile the research of rational piety based on moral perfection with the legitimization of the ritualism and traditional representation of pagan gods? . C’est ce sujet qualifié par une « qualité individuelle » qui est le porteur de l’identité personnelle qui croît et qui décroît – qui paie ses dettes, qui remplit ses promesses, et qui répond moralement de ses actes. Epicure a une théorie fine et complexe de l’origine du langage, d’après laquelle celui-ci a d’abord été produit par un mécanisme psychophysique, de façon entièrement naturelle (sans intervention de la bienveillance d’un dieu ni de l’inventivité artificielle d’un homme) puis rationnellement perfectionné de diverses manières. A travers son empire, il diffuse la . En physique, par exemple, ils distinguent des questions très générales et très fondamentales, qui relèvent de la seule physique des philosophes, et des questions qui sont communes à la physique des philosophes et à celles des savants ; mais celles-ci sont traitées par des méthodes différentes avec une finalité différente par l’une et par l’autre, les philosophes laissant aux savants l’observation et la collecte des faits, et se réservant la tâche de les expliquer par leurs causes, ou du moins par leurs causes dernières. [6] Cette partie est traitée entièrement dans la contribution intitulée « La filière grecque de la logique ». Dans la pensée de certains Stoïciens, il y a cependant des disciplines qui, héritant du statut péripatéticien de la logique, sont des auxiliaires de la philosophie sans en être des parties : ce sont les sciences particulières, comme les mathématiques, l’astronomie, la médecine, la philologie qui, à l’époque hellénistique commençaient à s’émanciper sérieusement de la philosophie. Le grand rythme d’expansion et de contraction qui scande les épisodes cosmiques se retrouve ainsi, miniaturisé en quelque sorte, dans une oscillation quasi instantanée qui anime en sourdine tous les corps et qui assure leur cohésion. I. Page lue 8014 fois, Parcours hellénique - La philosophie hellénistique (I), Tout au long de la période hellénistique, la scène s’est trouvée dominée par une division tripartite de la philosophie en logique, éthique et physique. Et nous ne pouvons redouter notre anéantissement que si nous imaginons, contradictoirement que nous sommes encore là pour le constater avec désolation. J. Brunschwig s’interroge pour savoir s’il lui reste un rôle compréhensible à jouer. Epicure, le critique acharné de la mythologie traditionnelle va jusqu’à dire : « Il vaudrait encore mieux suivre l’enseignement des mythes relatifs aux dieux que de se laisser asservir par le destin des physiciens ; car dans le premier cas, se profile un espoir de fléchir les dieux en leur rendant un culte, alors que dans le second, on n’a affaire qu’à une inflexible nécessité » (, Dans un important fragment, encore peu connu, au dire de J. Brunschwig, de son grand traité, « Les premiers qui ont raisonné correctement sur les causes, hommes de beaucoup supérieurs, non seulement à leurs devanciers, mais aussi à leur postérité, n’ont pas fait attention à eux-mêmes, bien qu’ils aient souvent rendu de grands maux plus légers, lorsqu’ils ont, Les épicuriens anciens, et beaucoup de commentateurs modernes ont souvent admis que ce qui a permis à Epicure d’échapper au nécessitarisme de Démocrite, c’est essentiellement la théorie du, Toujours pour argumenter contre le nécessitarisme, l’une des, « S’il donne le nom de nécessité à ce que l’on appelle le pouvoir d’agir par nous-mêmes (, Ce moi est cette source autonome d’actions qui dépendent de lui, et qui ne sont pas réductibles à la somme mécanique des mouvements que s’impriment les uns aux autres, et que reçoivent du milieu environnant, les atomes qui composent notre corps et notre âme. Pour cette classe de faits, la vérification s’effectue par la présence d’une confirmation ; la falsification ne s’effectue que par l’absence de confirmation. Ce rythme de contraction et d’expansion, dans cette singulière intuition cosmo-théologique est comme la respiration du dieu. La distinction de ces deux ordres s’exprime très bien dans l’emploi de deux verbes latins différents pour désigner l’attitude que dictent les valeurs propres de chacun d’eux. Cette dernière clause fut ajoutée, dit-on par Zénon[15] pour répondre à une objection habile de l’Académicien Arcésilas : une impression pourrait fort bien reproduire toutes les caractéristiques de son objet ; mais s’il existait un autre objet ayant exactement les mêmes caractéristiques (un jumeau par exemple), l’impression de l’objet A proviendrait bien de l’objet A, elle reproduirait les caractères de l’objet A, et pourtant on pourrait la prendre par erreur pour une impression de l’objet B. . Trouvé à l'intérieur – Page 215In Ars et ratio: Sciences, arts et métiers dans la philosophie hellénistique et romaine, edited by C. Lévy, ... Journal in Late Antique Religion and Culture 1: 31–42. http://orca.cf.ac.uk/78230/1/A%20Quiroga%20 Third%20Sophistic.pdf. [29] De Finibus de Cicéron ; Livre VII de Diogène Laèrce. J. Brunschwig se réfère à l’expérience la plus ordinaire qui nous conduit à penser que si nos sensations nous renseignent généralement sur l’existence et les propriétés des objets extérieurs d’une façon qui nous permet de nous comporter envers eux de façon relativement adaptée, il serait bien imprudent de croire qu’elles ne sont jamais fausses. [30] Affecté aux choses conformes à la nature, il s’agit d’un « degré de valeur de sélection » qui coexiste avec le degré zéro de leur valeur morale. Il paraît en garder l’idée que les mots ont une signification naturelle, unique, à laquelle tous peuvent se référer pour enquêter sur les choses, sans avoir besoin de prétendre éclaircir cette signification par une définition dont il faudrait, à l’infini, définir encore les termes. Pour donner un minimum de sens à cette responsabilité, il ne faut pas que nos actions soient sans causes, il ne faut pas non plus qu’elles aient des causes extérieures à nous et indépendantes de nous. Il est patent que tout homme, parvenu à l’âge adulte, a un langage articulé, qui incorpore un patrimoine de notions naturellement issues de l’accumulation de ses expériences sensibles. Quand il s’agit de physique, de cosmologie, d’astronomie, d’anthropologie ou de théologie, il faut trouver le moyen de s’aventurer, autrement qu’au hasard, sur le terrain de ces « choses cachées ». Études sur les philosophies hellénistiques - Épicurisme, stoïcisme, scepticisme - Jacques Brunschwig - Malgré de célèbres exceptions (Brochard, Bréhier, Robin, Goldschmidt), la recherche française ne s'est pas énormément intéressée aux écoles philosophiques de la période hellénistique (épicurisme, stoïcisme, scepticisme), volontiers tenues pour spé . C’est pourquoi, si l’homme ordinaire peut bien penser et dire des choses vraies, seul le Sage a la « science » de la vérité. Ils se sont simplement tenus au courant des recherches scientifiques de leur temps. Date de création : 14/12/2006 @ 15:49 [9] Ce rôle est en opposition avec le « rôle défensif » que certaines images concurrentes véhiculaient, comme par exemple celle de la palissade du verger qui protège les représentants de la physique que sont la terre, les plantes, les arbres qui y poussent. Dans la tradition d’Héraclite, les Stoïciens présentent les éléments et leur répartition dans le monde comme le produit d’une série de « transformations » du feu, d’une sorte d’embryologie cosmogonique gouvernée par l’intelligence divine : le dieu est un feu créateur (plus littéralement : artisan, tekhnikon/τεχνικόυ) qui procède méthodiquement à la genèse du monde. Pour l’épicurisme donc, le mouvement originel des atomes est un mouvement de chute verticale et très rapide, effet de leur poids et de l’absence totale de résistance du vide. La division de leurs propres doctrines la recoupe, mais non pas exactement, comme nous aurons l’occasion de le remarquer. Estimation de la valeur de sa propre vie. Mais ils ne poussent pas l’irréalisme jusqu’à revendiquer, pour leur Sage, une expertise encyclopédique dans tous les domaines des sciences particulières. Dans le livre X de Diogène Laërce : une 40e de titres correspondant à plus de 80 livres la lettre à Hérodote sur la physique la . Le bien véritable est « à rechercher » (expetendum), non de préférence à autre chose, ni sous conditions, mais pour lui-même et inconditionnellement.